Parcours
2024-2025 : Enseignante-chercheuse contractuelle, Université Reims Champagne Ardenne
2021-2024 : A.T.E.R., Université Gustave Eiffel
2020-2021 : A.T.E.R., Université Bordeaux Montaigne
2017-2020 : Contrat doctoral avec missions d'enseignement, Université Bordeaux Montaigne
2017-2022 : doctorat en géographie, Université Bordeaux Montaigne
2016-2017 : Master 2 recherche, Sciences sociales, Territoires et Développement, EHESS
2016 : reçue à l'agrégation externe de géographie
2014-2015 : Master 1 pluridisciplinaire (géographie/science politique) AlterEurope, ENS Lyon / Sciences Po Lyon / Université Jean Monnet
2013 : reçue au concours d'entrée de l'ENS Lyon
Thèse
Avalappoq, Prendre la mer et danser. Migrations étudiantes et formation des positions dominantes entre Groenland et Danemark, thèse de doctorat en géographie, U. Bordeaux Montaigne, 609 p.
Soutenue le 22 novembre 2022, devant le jury composé de : Myriam Houssay-Holzschuch (présidente), Béatrice Collignon (directrice), Saba A. Le Renard (rapportrice), Camille Schmoll (rapportrice),Ivalo Rosing (examinatrice) et Agnès van Zanten (examinatrice).
Résumé
Cette thèse porte sur la construction des trajectoires étudiantes dans la configuration postcoloniale entre Groenland et Danemark. S’appuyant sur une enquête combinant essentiellement observation participante et entretiens, elle retrace les biographies d’étudiant·e·s groenlandais·e·s à travers un système scolaire forgé par les rapports de force hérités de la colonisation danoise et bâti sur la dispersion de l’offre de formation. Elle montre que loin de n’être dédié qu’au tri social, ce dispositif scolaro-migratoire constitue également un dispositif de transformation des individus, qui travaille vers les régions supérieures de l’espace social transatlantique. La thèse déstabilise ainsi l’image de la migration étudiante comme privilégiée autour de deux axes. En prenant en compte les caractéristiques pré-migratoires des individus, elle montre l’hétérogénéité des origines sociales de celles et ceux s’orientant vers une formation au Danemark, et le poids des transclasses sur les routes de cette migration. Cela s’explique notamment par l’encadrement matériel et moral affirmé par les pouvoirs publics groenlandais, qui voient dans la fonction technique de production de qualifications du système éducatif une stratégie politique de concrétisation de l’indépendance. Le deuxième axe réinscrit cette migration dans les asymétries globales des formations raciales. Il analyse le rôle de la migration étudiante dans la construction de frontières raciales, associant danicité et blanchité d’une part, et groenlandité et inuité de l’autre. Ces frontières sont tracées dans les interactions quotidiennes avec la population majoritaire ainsi que dans les placements scolaires. Toutefois, la migration étudiante offre également les conditions d’une déstabilisation de la position minoritaire, non seulement dans les rapports de classe, mais également dans les rapports de race. La thèse met en évidence la dimension racialement codée des acquisitions socialement valorisées propres à la migration étudiante (façons de se comporter et de percevoir le monde, dispositions linguistiques ou encore certains goûts), à travers l’étude de la façon dont les étudiant·e·s sont perçu·e·s et se perçoivent pendant leur parcours. Ainsi, en s’appuyant sur les approches bourdieusiennes de la reproduction, sur le nexus analytique de la colonialité et sur les travaux récents sur la socialisation raciale, cette thèse prend le contrepoint de l’analyse de la formation des frontières raciales en migration, qui sont souvent envisagées comme (re)produisant ou solidifiant ces frontières. En effet, ces dernières trouvent dans le dispositif scolaro- migratoire postcolonial les conditions de leur (re)production comme les conditions leur mise en crise.