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Ibrahim TRAORE

Doctorant Biostatistiques & Épidémiologie UMRESTTE-Bron

Bron

Bâtiment: Building: L

25 avenue François Mitterrand$Case24 F-69675 Bron

Bureau: Office: 13

Ibrahim TRAORE

Doctorant Biostatistiques & Épidémiologie UMRESTTE-Bron

Sujet de thèse : Estimations nationales des nombres de blessés et de blessés grave dans un accident de la circulation routière en France : apport des données pompiers.

La Commission Européenne demande à ses États Membres de lui fournir annuellement le nombre de blessés et de blessés graves de la circulation routière (appelés par la suite morbidité routière). En France, plusieurs dispositifs recueillent des informations sur les blessés de la circulation : les services de soins, notamment via le Registre médical du Rhône des victimes d’accidents de la circulation routière (appelé plus simplement Registre du Rhône) ; les forces de l’ordre via les Bulletin d’Analyse d’Accident Corporel de la Circulation (BAAC) ; et les services départementaux d’incendie et de secours (SDIS), c’est-à-dire les pompiers. Aucune de ces sources n’effectue un décompte exhaustif, et chacune présente des biais spécifiques, souvent fortement liés à un taux d’enregistrement variant selon le profil des victimes, ou à la mauvaise identification des victimes de la circulation routière. Les chiffres annuels de la morbidité routière sont donc estimés à partir de données parcellaires et biaisées.
Depuis une quinzaine d’années, l’Umrestte réalise ces estimations en se basant sur les données des BAAC et du Registre du Rhône, et utilise une modélisation par approche capture-recapture. Or, cette méthode d’estimation est fortement impactée par le faible taux d’enregistrement de certaines catégories de blessés dans les BAAC, particulièrement les usagers de modes légers (eg. trottinettes), les blessés légers et les victimes d’un accident sans tiers. Or, les usagers de modes légers représentent une part non négligeable des accidentés de la route. De plus, il est suspecté depuis plusieurs années une forte hétérogénéité de probabilité d’enregistrer un accidenté de la route dans les BAAC, selon les départements et d’une année à l’autre, ce qui va à l’encontre des hypothèses d’application de la méthode capture-recapture. Ces deux aspects pourraient avoir de fortes conséquences sur l’estimation de la morbidité routière en France, et sur les décisions de politique de santé publique et de sécurité routière qui en découlent, en provoquant notamment une sous-estimation de la morbidité et une répartition erronée des blessés de la route par modes de déplacement.
L’approche par capture-recapture, utilisée en épidémiologie, est largement reconnue comme une méthode de référence pour l’estimation de la morbidité routière. Pour améliorer les estimations nationales, il n’est donc pas envisagé actuellement de changer de méthode, mais de changer de sources de données utilisées. Notre choix s’est ainsi porté sur les données SDIS, qui devraient sur les prochaines années s’affiner et s’homogénéiser sur l’ensemble des départements français. L’hypothèse de recherche que les données SDIS amélioreront les estimations de la morbidité routière est appuyée par deux constats : les données SDIS sont d’ores et déjà bien plus proches de l’exhaustivité que les données BAAC (279 413 victimes enregistrées en 2019, contre 70 490 dans les BAAC), et semblent avoir des pratiques d’enregistrement plus homogènes dans le temps que les données BAAC (variations inter-annuelles plus faibles que les BAAC).

L’objectif de ma thèse est (i) d’obtenir et d’analyser les données SDIS, afin d’évaluer la conformité aux hypothèses de validité de la méthode capture-recapture en cas d’utilisation des données SDIS, et (ii) d’estimer l’apport des données SDIS pour améliorer l’estimation de la morbidité routière en France, en substitution et en complément des données policières. Cela passe par la comparaison des résultats obtenus par la méthode actuelle sur données BAAC et Registre, avec celle que nous obtiendrons sur données SDIS et Registre, et sur données SDIS, Registre et BAAC (ce qui suppose l’application d’une approche capture-recapture à 3 sources), en termes de volume et de stabilité. Les résultats obtenus pourront alimenter l’observatoire interministériel de la sécurité routière.